Critique

Publié le 27 novembre, 2024 | par @avscci

0

100,000,000,000,000 (Cent mille milliards) de Virgil Vernier

Cinéaste inclassable, Virgil Vernier œuvre dans une marge où les durées sont particulièrement variables et pratique volontiers la confusion des genres. Derrière son titre accrocheur, son nouvel opus s’inscrit dans la continuité directe de son précédent film sorti en salles, le moyen métrage Sapphire Crystal (2019), depuis lequel il en a tout de même tourné trois autres. Il s’y attache à des jeunes gens qui vivent aux crochets des ultra-riches installés à Monaco, le plus souvent en se vendant à l’envi. Difficile de savoir où s’arrête le documentaire et où débute la fiction. Au point de s’approcher si près des corps et des visages qu’il impose à son film une esthétique sophistiquée que d’autres fabriquent avec des moyens considérables pour leur donner un minimum de chair. 100 000 000 000 000 (Cent mille milliards) s’attache à des travailleurs du sexe qui ne se font aucune illusion sur leur activité, mais en profitent sans états d’âme. Chez eux, il est beaucoup question d’argent, de luxe et de profit, mais jamais de morale ou de sentiments. Ses protagonistes revendiquent par ailleurs l’insolence de leur jeunesse. Il convient de louer ici la performance de Virgil Vernier et la façon dont sa caméra flirte avec ses personnages, même si l’un des propos du film consiste à affirmer que l’argent autorise tout. Mais sans doute est-ce aussi le cas dans ces fameuses monarchies du Golfe Persique où prospèrent désormais des influenceurs qui n’étaient le plus souvent rien dans leur pays d’origine.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Virgil Vernier (2024), avec Zakaria Bouti, Mina Gajovic, Victoire Song. 1h17.




Back to Top ↑