Critique

Publié le 18 novembre, 2022 | par @avscci

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Les Amandiers de Valéria Bruni-Tedeschi

Derrière la caméra, Valeria Bruni-Tedeschi n’a de cesse de jouer avec les spectateurs, mélangeant avec virtuosité ses souvenirs, son imaginaire et un zeste d’autofiction sans que ceux-là sachent tracer une frontière entre eux. Et c’est très bien comme cela. La cinéaste ne se prive pas d’ailleurs de préciser concernant Les Amandiers que si Chéreau est l’un des rares personnages à conserver son nom, le film n’est pas pour autant un biopic, la personnalité du metteur en scène qui a en l’occurrence les traits de Louis Garrel ne recouvrant que partiellement celle de son modèle… Bruni-Tedeschi jongle également avec les genres, avec différentes humeurs, liant sans aucune difficulté le désespoir le plus noir à des scènes plus virevoltantes, qui tutoient volontiers le burlesque. En deux mots son cinéma n’appartient qu’à elle, nous laissant entendre une petite musique assez vite identifiable. Les Amandiers témoigne donc de cette période de feu, dans les années 80, pendant laquelle la comédienne faisait partie de la troupe de Patrice Chéreau au Théâtre des Amandiers de Nanterre. Des années de bonheur, des années de tragédie (le Sida est omniprésent et avoir vingt ans n’est pas une sinécure) alors que les apprentis comédiens mettent leur cœur, leurs tripes et leur âme sur le tapis dans l’espoir de traverser ce plafond de verre qui les isole encore de la reconnaissance. C’est le moment des doutes, des interrogations sur le talent que l’on n’est pas certain de posséder, des amours dans lesquelles ont se jette tête la première… Autant dire que le particulier rejoint vite le général pour nous atteindre au cœur.

Yves Alion

Film français de Valéria Bruni-Tedeschi (2022), avec Nadia TereszkiewiczSofiane BennacerLouis Garrel. 2h05.




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