Critique Les Affluents de Jessé Miceli

Publié le 14 février, 2022 | par @avscci

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Les Affluents de Jessé Miceli

Présenté l’an dernier au Festival Visions du réel, le premier long métrage de Jessé Miceli cultive à dessein sa double appartenance au documentaire et à la fiction. Une sorte de métissage formel qui consiste à s’emparer d’un sujet et de l’organiser avec la rigueur d’une œuvre dramatique, de façon à entretenir une confusion délibérée. Les Affluents s’attache ainsi à trois garçons d’aujourd’hui qui portent les aspirations de leur génération dans un Cambodge en pleine ébullition où le traumatisme infligé par la dictature des Khmers rouges appartient à un passé déjà lointain dont le déjà vétéran Rithy Panh assume le devoir de mémoire. Jeune diplômé du département cinéma et audiovisuel de la Sorbonne nouvelle, Jessé Miceli porte sur ce monde un regard d’autant plus empreint de bienveillance et de curiosité qu’il l’aborde en étranger -même s’il se passionne pour ce pays depuis une dizaine d’années- et non de l’intérieur comme a pu le faire récemment sur le mode de la fiction Kavich Neang dans White Building. C’est à dessein qu’il s’attache à des garçons de son âge ou presque confrontés aux promesses du troisième millénaire, en les montrant dans leur quotidien, bardés de leurs rêves et de beaucoup d’espoir. Il émane de ce trio une force de vie étonnante baignée d’une lumière artificielle qui fait de Pnomh Penh une ville qui ne se couche jamais, dans un saisissant contraste existentiel avec une campagne encore accrochée à ses traditions qui reste un refuge pour les aînés. Précisons que le film a été réalisé au cours de l’hiver 2019-2020, c’est-à-dire juste avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19.

Jean-Philippe Guerand

Coalesce. Film documentaire cambodgo-français de Jessé Miceli (2021), avec Songsa Sek, Phearum Eang, Rithy Rom, Lek Vann, Nicól Bear, Douglas Shakels. 1h22. 




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