Critique L'équipier de Kieron Walsh

Publié le 28 juin, 2022 | par @avscci

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L’équipier de Kieron J. Walsh

Le cyclisme a longtemps pâti d’un déficit de représentation de la petite reine, de Paris-Roubaix et du Tour de France, les forçats du deux-roues n’avaient guère brillé jusqu’alors que dans quelques tentatives sporadiques d’où n’émergent guère que Cinq Tulipes rouges (1948) de Jean Stelli et Les Triplettes de Belleville (2003) de Sylvain Chomet, lui-même sous l’influence de l’immortel Jour de fête (1949) de Jacques Tati. Dans un esprit qui évoque The Program (2015) de Stephen Frears, L’Equipier évoque le côté le plus obscur de ce sport : le dopage. Le film de Kieron J. Walsh s’attache à un “lièvre”, cycliste chevronné chargé de tracer la route du champion de son équipe jusqu’à la ligne d’arrivée. L’action se déroule pendant le prologue en Irlande du Tour de France 1998 et suit le conditionnement de ce sportif condamné à se surpasser pour la gloire d’un autre. C’est cette organisation de choc que décrypte L’Equipier en décrivant les pratiques illicites d’un sport inhumain qui soumet ses pratiquants à des cadences infernales et à une discipline qui doit moins à leurs capacités physiques qu’à des plans de campagne élaborés par les directeurs d’équipe à grands renforts d’artifices technologiques et chimiques plus ou moins contestables sinon dangereux. Le personnage de ce coureur sur le retour entraîné dans une spirale sans issue est magnifiquement incarné par l’acteur belge Louis Talpe, avec la retenue qui s’impose à ce taiseux et le lot d’humiliations que suppose cette fonction subalterne. Le constat sportif est amer, le film passionnant par sa profondeur humaine.

Jean-Philippe Guerand

The Racer Film irlando-luxembourgo-belgique de Kieron J. Walsh (2019), avec Louis Talpe, Matteo Simoni, Tara Lee, Iain Glen 1h35.




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