Critique

Publié le 12 janvier, 2023 | par @avscci

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L’Envol de Pietro Marcello

Un soldat démobilisé de la Grande Guerre se retrouve confronté à une fille qu’il va devoir élever en solitaire et pour laquelle il va se sacrifier. Un sujet inspiré des Voiles écarlates du romancier russe pacifiste Alexandre Grin que le réalisateur italien Pietro Marcello transpose dans le Nord de la France pendant l’entre-deux-guerres. Métissage culturel qui produit un résultat singulier sur le mode assumé du mélodrame. Le réalisateur de Martin Eden témoigne d’un sens du lyrisme hors du commun et rassemble pour le servir trois comédiens résolument atypiques : Raphaël Thiéry dont le physique massif sert son personnage de taiseux, Juliette Jouan dont c’est le premier rôle au cinéma et Louis Garrel en prince charmant tombé du ciel à la manière d’un ange déchu. L’Envol séduit d’abord par son refus des modes. Il émane de cette étude de mœurs provinciale une émotion retenue qui passe par une observation attentive du quotidien et une description très réaliste de l’état d’esprit qui pouvait régner sur une terre gorgée du sang des guerriers. C’est toute la noblesse de ce film élégant et solennel de restituer avec justesse l’état d’esprit de l’époque, loin des Années folles éphémères dont jouissaient les habitants des grandes villes dans une insouciance égoïste. Ce cinéma-là a la capacité, sinon de changer le monde, au moins de le montrer tel qu’ont pu le connaître ses contemporains. Avec ses mentalités, ses utopies et une fibre sociale qui possédait encore un sens. C’est tout à l’honneur de son incorrigible idéaliste de metteur en scène, humaniste et universaliste dans l’âme.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-italo-germano-russe de Pietro Marcello (2022), avec Raphaël Thiéry, Juliette Jouan, Louis Garrel, Noémie Lvovsky 1h40.




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