Critique

Publié le 15 janvier, 2024 | par @avscci

0

Le Voyage en pyjama de Pascal Thomas

Victor est quadra et prof de lettres, mais c’est surtout un doux rêveur. Les circonstances (qui semblent guider sa vie désinvolte) le poussent sur un coup de tête à parcourir la France en train et à vélo pour retrouver celles qui ont marqué sa vie (et partagé sa couche). Sur une trame qui rappelle celle de Broken Flowers (de Jarmusch, avec Bill Murray) ou le sketch de Dino Risi des Séducteurs (avec Ugo Tognazzi), Pascal Thomas nous offre un film savoureux, jubilatoire, à la fois burlesque et mélancolique. En un mot un petit bijou… Nous n’avions adhéré qu’à moitié à son précédent opus, A cause des filles ? et le très impertinent Valentin Valentin commençait à s’effacer des mémoires cinéphiles. Ce Voyage en pyjama tombe donc à pic pour remettre en selle l’un de nos cinéastes les plus atypiques, éternel adolescent (il reste l’un de ces zozos attachants dont il brossait le portrait dans son tout premier film), et poète libertaire à l’ironie mordante. Loin d’Agatha Christie (dont les romans ont accompagné une partie de son parcours), notre homme renoue avec son meilleur, celui de Mercredi folle journée, des Maris, les Femmes, les Amants, ou de Confidences pour confidences. En mettant en lumière une fois encore un représentant de l’éternel masculin qui à première vue semble totalement en roue libre, inadapté à la société à laquelle il n’appartient que par hasard et qui au final s’avère d’une séduction sans égale. Le film est à son image, qui semble passer devant nous sans rouler les mécaniques et laisse un sentiment de douce euphorie quand s’inscrit le mot FIN sur l’écran (c’est une image, on n’écrit plus le mot FIN. C’est plus sage d’ailleurs : les films restent parfois en nous pour toujours).

Yves Alion

Film français de Pascal Thomas (2023), avec Alexandre Lafaurie, Pierre Arditi, Irès Jacob. 1h29.




Back to Top ↑