Critique

Publié le 1 mai, 2024 | par @avscci

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Le Tableau volé de Pascal Bonitzer

Un film en évoque souvent un autre. Le Tableau volé adresse par son titre un clin d’œil à L’Hypothèse du tableau volé (1978) de Raoul Ruiz, une façon comme une autre pour Pascal Bonitzer de saluer un ami disparu. Un expert est alerté un jour de la découverte d’une toile inconnue d’Egon Schiele dans le salon d’un modeste ouvrier de Mulhouse. Reste à démontrer son authenticité… Une tâche nettement moins ardue que prévu, dans la mesure où l’exhumation de cette toile met en évidence un passé douloureux de nature à ternir sa valeur artistique. Un défi pour l’amateur d’art qui a très vite conscience de jouer sa réputation sur cette affaire, mais bénéficie des soutiens précieux de son ex-épouse et d’une stagiaire effrontée qui reflètent ses rapports compliqués avec les femmes. Un personnage pas toujours très sympathique qui pousse Alex Lutz dans ses ultimes retranchements. La réussite du Tableau volé repose sur l’association de plusieurs univers a priori étrangers les uns aux autres. Comme souvent dans le cinéma de Bonitzer, l’intrigue proprement dite sert de prétexte à une solide étude de caractères qui confronte des personnages de générations et d’origines sociales fort diverses dont certains n’auraient sans doute eu aucune raison de se rencontrer en d’autres circonstances. Cette galerie de portraits séduit par sa pertinence psychologique et des compositions individuelles que Bonitzer met en scène avec un enthousiasme communicatif, en donnant un supplément d’âme et de légèreté à une thématique douloureuse qui aurait plutôt tendance à jeter du sel sur des blessures mal cicatrisées.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Pascal Bonitzer (2024), avec Alex Lutz, Louise Chevillotte, Léa Drucker, Nora Hamzawi. 1h31.




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