Critique

Publié le 2 décembre, 2022 | par @avscci

0

Le Lycéen de Christophe Honoré

Le film de Christophe Honoré est, plus encore que Plaire, aimer et courir vite (2018) une exploration de sa propre biographie. Les conséquences de la mort de son père quand il était adolescent, sa montée à Paris, entre une mère interprétée par Juliette Binoche et un grand frère d’abord antipathique interprété par Vincent Lacoste. Le rôle du père, nécessairement furtif, est tenu par le réalisateur lui-même qui déclare à ce sujet : « Je dois avouer que je pense que nous sommes les fantômes de nos morts, que c’est plus nous qui les hantons que l’inverse ». C’est un débutant, Paul Kircher, qui a été choisi après un long casting. Il s’agit d’un comédien très impressionnant. On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans, dit Rimbaud. On n’est surtout pas heureux. Le deuil, le vertige de la liberté, la prise de risques, le sexe confondu (ou pas) avec l’amour : Honoré est très direct, brutal même. Mais il est direct et brutal comme l’adolescence elle-même, le moment justement où on déteste les masques, les arrangements, les politesses. Il n’est pas absurde de comparer cette histoire d’un garçon de 17 ans dans les années 80 avec un autre film qui sort en même temps, l’histoire d’un garçon de 12 ans dans les années 80. James Gray avec Armageddon Time et Christophe Honoré avec Le Lycéen adoptent un ton apparemment différent et discourent bien sûr au sujet de deux âges assez lointains. En réalité, la qualité centrale de leurs deux films est l’absence totale de concession : la délicatesse de Gray et le côté abrupt de Honoré se rejoignent dans une poursuite de la vérité (vingt-quatre fois par seconde ?) qui n’est pas si fréquente dans le cinéma d’aujourd’hui.

René Marx

Film français de Christophe Honoré (2022), avec Paul Kircher, Juliette Binoche, Vincent Lacoste, Erwan Keopa Falé. 2h02.




Back to Top ↑