Critique

Publié le 26 mars, 2024 | par @avscci

0

Le Jeu de la Reine de Karim Aïnouz

À l’origine de ce film, il y a un roman historique d’Elizabeth Fremantle qui s’attache à la dernière des femmes d’Henry VIII, Katherine Parr, la seule à avoir survécu à ce bourreau des cœurs qu’immortalisa naguère à l’écran Charles Laughton dans La Vie privée d’Henry VIII (1933) d’Alexander Korda, puis dans La Reine vierge (1953) de George Sidney, avec pour partenaires respectives Everley Gregg et Deborah Kerr. Le Jeu de la reine adopte le point de vue opposé dans une tentative singulière de réécrire l’histoire en faisant fi de l’influence présumée du patriarcat dans son traitement. Une initiative dans le sillage du mouvement #MeToo qui pourrait faire des émules en rétablissant une parité post mortem de nature à rééquilibrer les genres. Réputé pour la finesse de ses portraits de femmes dont La Vie invisible d’Eurídice Gusmão (2019), le réalisateur Karim Aïnouz trouve dans cette approche disruptive une magnifique occasion de passer à la vitesse supérieure, aux commandes d’une production internationale ambitieuse. L’intelligence du Jeu de la reine consiste à reconsidérer la fameuse dynastie des Tudor d’un œil neuf, celui d’un cinéaste qui cumule deux spécificités précieuses dans ce contexte : c’est un homme et il est brésilien. En adoptant le point de vue de l’épouse du roi (campé par un Jude Law magistral), le film se contente en fait de lui rendre ce qui lui revient. De son côté, rompue aux emplois à haut risque depuis Danish Girl (2015), la comédienne suédoise Alicia Vikander ajoute à son tableau de chasse une nouvelle performance mémorable.

Jean-Philippe Guerand

Firebrand. Film américano-britannique de Karim Aïnouz (2023), avec Alicia Vikander, Jude Law, Simon Russell Beale, Sam Riley, Eddie Marsan. 2h.




Back to Top ↑