Critique

Publié le 25 septembre, 2023 | par @avscci

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Last Dance ! de Delphine Lehericey

Germain, heureux retraité septuagénaire, profite de son repos bien mérité avec son épouse chérie, Lise. Il s’est lancé dans la lecture d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust alors qu’elle répète chaque jour pendant des heures avec enthousiasme un spectacle de danse contemporaine réunissant professionnels et amateurs. Lorsque Lise meurt soudainement, il décide de respecter la promesse qu’ils s’étaient faite au décès de l’un d’eux : finir ce que l’autre aurait commencé. La Ribot, chorégraphe aux méthodes de travail très personnelles, accepte sa requête de la remplacer malgré son inexpérience totale. Intriguée par ce qu’il dégage, elle décide de le placer au centre de la représentation…

C’est donc parti pour de longues heures quotidiennes de répétition, en cachette de ses enfants. Trop inquiets pour lui, ils l’étouffent en multipliant à l’excès appels et visites intempestifs. Ils entreprennent de régler sa vie à la minute près, aidés par la voisine qui lui prépare de bons petits plats qu’il n’a ni le temps ni l’envie de déguster, tant sa nouvelle occupation l’accapare pour son plus grand bonheur. La préparation du spectacle devient son espace de liberté, celui où il n’est plus traité en grabataire au seuil du trépas.

François Berléand se laisse emporter dans un joli film où la danse moderne est au cœur du travail de deuil d’un amour qui aura duré cinquante ans. La scène où son épouse meurt dans ses bras, sans un mot, un adieu silencieux et bref d’un léger mouvement de la main, apporte ce qu’il faut d’émotions entre lui et la toujours si délicate Dominique Reymond pour justifier ce lien post mortem. Il ira jusqu’à déposer dans un beau geste romantique des petits mots à son intention dans des ouvrages de la bibliothèque municipale où ils se sont rencontrés. Souvent encouragé à en faire trop depuis son accès à la notoriété, François Berléand est ici agréablement sobre. Il permet de croire à l’investissement immédiat de Germain et à son lâcher-prise physique au service de cette belle déclaration d’amour au-delà de la mort.

Maria Ribot, qui joue presque son propre rôle, dirige avec autant d’aisance les danseurs professionnels de sa vraie troupe que les quelques acteurs reconnus dont Kacey Mottet Klein et Déborah Lukumuena. La Ribot est d’un naturel confondant car elle s’en tient à son métier, sans emphase dramatique artificielle pour gonfler son rôle. Un film aux émotions délicates, qui s’achève sur des petits mots dont la simplicité amplifie l’émotion.

Pascal Le Duff

Film français de Delphine Lehericey (2022), avec François Berléand, Maria Ribot, Kacey Mottet Klein. 1h23




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