L’affaire Vinca Curie de Dragan Bjelogrlic
L’histoire est encore loin d’avoir révélé tous ses mystères, ainsi que l’atteste le point de départ de ce film qui lève le voile sur un épisode inconnu de la Guerre froide. Au cours de l’automne 1958, cinq scientifiques yougoslaves victimes de radiations sont accueillis dans le plus grand secret à l’Institut Curie de Paris pour y être soignés. Il apparaît qu’ils ont été victimes d’un incident survenu au cours des travaux qu’ils menaient dans le plus grand secret sur la fabrication d’une arme nucléaire. Dès lors s’établissent des relations ambiguës entre ces patients en danger de mort et l’équipe médicale chargée de les sauver qui ne peut demeurer insensible aux causes de ces affections dont elle est obligée de briser la loi du silence pour traiter leurs conséquences en pleine connaissance de cause. L’habileté de ce film au titre nébuleux consiste à montrer ce qui rapproche ses protagonistes plutôt que ce qui devrait les opposer. Tous sont motivés par leur devoir scientifique et l’exécutent sans demander d’explications. Le film a tendance à montrer les uns et les autres comme des hommes de bonne volonté qui vont finir par fraterniser sous le signe de la science. Vision sans doute idyllique. C’est par ailleurs à l’occasion de cet événement que le docteur Georges Mathé s’est fait connaître en pratiquant avec succès les premières greffes de moëlle osseuse sur ces physiciens. C’est la morale de ce film très classique où apparaît même un médecin débutant qui deviendra le ministre éphémère de François Mitterrand : le professeur Léon Schwartzenberg.
Jean-Philippe Guerand
Cuvari formule. Film serbo-slovéno-macédonien de Dragan Bjelogrlic (2023), avec Dragan Bjelogrlic, Alexis Manenti, Radivoje Bukvic, Miki Manojlovic. 2h.
