Critique La terre est bleue comme une orange

Publié le 9 juin, 2022 | par @avscci

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La Terre est bleue comme une orange d’Irina Tsilyk

“ La Terre est bleue comme une orange. ” Cette célèbre citation de Paul Eluard extraite du septième poème du premier chapitre du recueil L’amour la poésie exprime mieux que des longs discours combien la fantaisie et l’imagination ont parfois la capacité de changer le monde, sans nécessairement une débauche de moyens. La documentariste ukrainienne Irina Tsilyk y évoque le quotidien d’une famille du Donbass en guerre dont les enfants décident de répondre au fracas des armes par l’usage d’une caméra et de répliquer à la tragédie ambiante en tournant en famille un court métrage de fiction. Ce film dans le film donne à la démarche de la réalisatrice un supplément d’âme. Précisons qu’à l’époque du tournage de The Earth is Blue as an Orange, la guerre restait encore localisée dans une région russophone du Nord-Est de l’Ukraine qui refusait d’endurer l’annexion arbitraire subie par la Crimée. L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février dernier a contribué à donner à ce film une profondeur supplémentaire, tant son propos se révèle universel et constitue un acte de résistance authentique. Sous l’égide d’une mère omniprésente, cette famille de Krasnohorivka, à quelques kilomètres du front, se serre les coudes et trouve dans le cinéma un véritable exutoire. Au point de ne plus entendre le fracas des bombes lorsqu’elle regarde un film à la télévision ou de faire abstraction de la réalité environnante lorsqu’elle s’unit pour créer une fiction. Et les événements actuels ne peuvent qu’accroître cette sensation qu’aucun scénario fabriqué ne serait parvenu à imposer avec une telle évidence.

Jean-Philippe Guerand

Земля блакитна, ніби апельсин Film documentaire ukraino-lituanien d’Irina Tsilyk (2020), avec Anna Gladka, Myroslava Trofymchouk, Anastasiia Trofymchouk, Vladyslav Trofymchouk 1h14.  




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