Critique

Publié le 9 juin, 2024 | par @avscci

0

La petite vadrouille de Bruno Podalydès

Bruno Podalydès fait partie de ces auteurs français qui ont toujours réussi à passer entre les mailles des grands festivals ou presque, à l’image d’un Claude Sautet demeuré à bien des titres une exception française. Peut-être parce qu’il a toujours privilégié le registre de la comédie et ambitionne davantage de distraire que de donner à réfléchir. Et pourtant… Ses distributions ressemblent souvent à des carnets de bal prestigieux et il excelle dans l’art délicat du film choral. Derrière son titre en trompe-l’œil, La Petite Vadrouille n’a strictement aucun autre rapport avec le classique de Gérard Oury. L’argument pourrait avoir été emprunté à l’un de ces films d’avant-guerre qui transposaient des intrigues de boulevard dans une atmosphère bucolique un rien canaille, à l’instar de La Belle Equipe ou de Circonstances atténuantes. Un patron y demande à sa secrétaire de lui organiser un week-end sentimental dont elle découvre qu’elle est l’heureuse élue, tandis que sa famille et ses proches orchestrent cette croisière fluviale dans l’espoir de se renflouer. L’argument en vaut bien d’autres. Il n’est le prétexte qu’à des scènes franchement burlesques qui confirment l’attrait du cinéaste pour la BD et dont les interprètes inspirés ne boudent pas leur plaisir, de Daniel Auteuil en barbon d’opérette, à Sandrine Kiberlain en lumineux objet du désir, aux frères Podalydès, au désopilant Dimitri Doré à l’opposé de la noirceur de son rôle écrasant dans Bruno Reidal, et à la garde rapprochée du réalisateur dont la complicité ne nécessite aucun gage autre que le simple bonheur de jubiler.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Bruno Podalydès (2024), avec Daniel Auteuil, Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès, Bruno Podalydès. 1h36.




Back to Top ↑