Critique

Publié le 25 septembre, 2023 | par @avscci

0

La Petite de Guillaume Nicloux

Bien malin qui pourrait suivre l’itinéraire de Guillaume Nicloux, cinéaste qui ne cesse de passer d’un film à l’autre avec un art consommé du brouillage de pistes. En février 2023 sortait l’une de ses œuvres les plus sombres, La Tour, alors même qu’il tournait aux Antilles une comédie intitulée Dans la peau de Blanche Houellebecq. La Petite relève d’une troisième veine. C’est pour lui l’occasion de diriger Fabrice Luchini, dans le rôle d’un septuagénaire subitement terrassé par la mort accidentelle de son fils et de son compagnon qui s’étaient entendus préalablement avec une mère porteuse sur le point de mettre au monde leur enfant en Belgique. Traité sur le registre de la comédie sentimentale, le scénario de ce film développe une situation cornélienne ancrée dans l’air du temps, en poussant jusqu’à son terme une situation crédible sinon banale dans un contexte sociologique parfaitement vraisemblable. La Petite (rien à voir avec le film homonyme de Louis Malle sorti en 1978) mise sur la rencontre de Luchini avec son époque, quelques mois seulement après Un homme heureux où il campait un maire en quête de réélection confronté à la soudaine décision de son épouse d’accomplir sa transition de genre. Il confronte ici divers points de vue et recrute des interprètes qui privilégient l’humanité sur l’humour ou le pathos, de Maud Wyler à Veerle Baetens, jusqu’aux trop fugitives Sandrine Dumas et Anne Consigny. Pour le plaisir d’admirer un grand fauve aux prises avec une vaste gamme de sentiments et sortir pour cela de sa zone de confort sans jamais céder à la tentation du cabotinage.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-belge de Guillaume Nicloux (2023), avec Fabrice Luchini, Mara Taquin, Maud Wyler 1h33.




Back to Top ↑