Critique La nature d'Artavazd Pelechian

Publié le 22 février, 2022 | par @avscci

0

La Nature d’Artavazd Pelechian

La Nature, présenté en octobre 2020 à la Fondation Cartier dans le cadre d’une très belle exposition consacrée à Artavazd Pelechian, marque le retour au cinéma du grand réalisateur arménien près de 30 ans après son précédent film, sobrement intitulé Vie. Il y poursuit avec une inspiration toujours renouvelée son œuvre au style unique, constituée d’images documentaires (issues d’archives ou tournées par le cinéaste lui-même) auxquelles le montage donne un souffle et une tonalité aussi épiques que poétiques.

Ce dernier né d’une durée d’à peine plus d’une heure s’ouvre sur des paysages spectaculaires et grandioses en noir et blanc, dont la musique monumentale – le Kyrie de la messe solennelle de Beethoven – ne fait que renforcer le lyrisme et la puissance. Le soleil s’élève, les nuages déferlent, la caméra tourne autour de parois rocheuses. Peu à peu, la beauté laisse place à l’inquiétude puis à la violence : éruptions volcaniques, avalanches, effondrements des glaciers… c’est l’apocalypse qui se déroule sous nos yeux, sous une multitude de formes qui se font méthodiquement écho.

Car ce que célèbre ici le cinéaste, ce n’est pas une nature épanouie et luxuriante, cadre de vie enchanteur au service de l’être humain, mais une entité sauvage et imprévisible qui ne reste pas inerte face aux outrages. Artavazd Pelechian fait la démonstration terrible de cette force vitale qui renvoie l’Humanité à son insignifiance. Le dérèglement climatique, certes, atteint la planète dans sa chair, et en révèle l’inéluctable vulnérabilité. Mais, au bout du compte, ce sont bien les Hommes qui doivent se préparer à lui payer le plus lourd tribut.

Marie-Pauline Mollaret

Film documentaire franco-germano-arménien d’Artavazd Pelechian (2020). 1h02




Back to Top ↑