Critique La Mif de Frederic Bailiff

Publié le 6 mars, 2022 | par @avscci

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La Mif de Frédéric Baillif

Les foyers d’accueil sont devenus depuis quelques années des lieux d’élection du cinéma. Deux mois tout juste après Placés de de Nessim Chikhaoui, c’est de Suisse que nous arrive La Mif, présenté l’an dernier à la Berlinale : la chronique d’une cohabitation chaotique dans un établissement spécialisé pour adolescentes. Première constatation, le film est décrit selon les observateurs comme un documentaire relevant du cinéma du réel ou comme une pure fiction. La vérité se situe très exactement à mi-chemin. Frédéric Baillif a consacré beaucoup de temps à s’immerger dans ce milieu et à recruter puis à préparer ses jeunes interprètes à un tournage destiné à faire émerger des conflits et des antagonismes qu’on jurerait spontanés et impulsifs. Chacune des pensionnaires de ce foyer doit se débattre tout à la fois avec un vécu souvent pesant sinon douloureux et une cohabitation pas toujours aisée avec ses compagnes d’infortune, sous la protection de plus en plus illusoire d’une directrice pétrie de bonnes intentions, mais atteinte par la limite d’âge qui en est venue à considérer ses pensionnaires comme ses propres filles. Le scénario proprement dit est composé de séquences mettant en présence les unes et les autres dans des confrontations réglées pour que la vie réussisse à s’insinuer au sein d’un cadre préétabli où la fiction se laisse submerger par les sentiments. La mise en scène excelle à capter ces précieux instants de vérité sans la moindre tentation voyeuriste. Quant à cette fameuse “mif”, c’est un diminutif de la famille qui englobe l’entourage proche de chacune de ces filles.

Jnea-Philippe Guerand

Film suisse de Frédéric Baillif (2021), avec Claudia Grob, Anaïs Uldry, Kassia da Costa. 1h50.




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