Critique

Publié le 16 avril, 2024 | par @avscci

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La Machine à écrire et autres sources de tracas de Nicolas Philibert

Le dernier pan de la trilogie consacrée par Nicolas Philibert aux personnages cabossés venus chercher du réconfort sur l’Adamant montre leur quotidien et ces minuscules déraillements qui les perturbent parfois. Tout commence avec une machine à écrire facétieuse que viennent réparer deux réparateurs trentenaires pleins de bonne volonté chez un poète graphomane dont c’est l’outil de travail d’un autre âge. Le film enchaîne ainsi des saynètes où les pensionnaires apparaissent bien démunis face à des objets capricieux qu’ils conservent depuis des lustres. Les bricoleurs serviables et d’une patience infinie deviennent aussi malgré eux les confidents de ces “originaux” et interpellent parfois directement le réalisateur pour lui proposer un café ou le prendre à témoin. Ce film moitié moins long qu’Averroès et Rosa Parks tire son charme du fait qu’on y retrouve des personnages déjà côtoyés dans les deux opus précédents, mais cette fois au beau milieu de leur cadre quotidien qu’ils ont aménagé avec leur personnalité propre et qui reflète leurs névroses. Face aux caprices d’une mini-chaîne stéréo, Muriel se trouve bien démunie, faute de pouvoir écouter la musique qu’elle aime. Quant à cet ancien élève de l’École des arts appliqués dont les créations et les collections ont réduit progressivement l’espace vital, cette proximité a beau le rassurer, quand ses interlocuteurs lui proposent de l’aider à faire du rangement, rien ne va plus ou presque… L’enjeu consiste ici à nous montrer en quelque sorte l’envers du décor en l’évoquant à partir des situations les plus ordinaires du quotidien.

Jean-Philippe Guerand

Film documentaire français de Nicolas Philibert (2024), avec Patrice d’Hont, Walid Benziane, Goulven Cancouët Muriel Thouron 1h12.




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