Critique

Publié le 21 octobre, 2023 | par @avscci

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La Comédie humaine de Kôji Fukada

Après avoir découvert Hospitalité, Harmonium, Sayonara, Love Life, le public français a la chance de revenir au premier long métrage de Koji Fukada. Jusque-là inédit chez nous, La Comédie humaine (2008) revendique tranquillement le patronage de Balzac que le cinéaste lisait alors avec passion. Il avait réalisé auparavant un film d’animation de 40 minutes, La Grenadière, adapté d’une nouvelle de l’écrivain. L’héritage balzacien c’est la confiance dans la force de la narration, les entrelacements des événements et des personnages, le tissage serré des significations, destinés à tenter le portrait d’une société, à tracer le destin des individus. Ici un rendez-vous manqué dans un théâtre provoque une rencontre imprévue, la première exposition d’une photographe n’attire aucun visiteur, un homme sent toujours son bras perdu dans un accident, trois histoires apparemment distinctes et qui se rejoignent mystérieusement. Fukada littéralement nous balade, nous entraîne dans un récit « en escalier » dont on ne comprend que progressivement les implications. Tout en goûtant le charme de ses dialogues à la Rohmer, ses surprises narratives, ses violences feutrées. L’omniprésence de Rohmer dans le cinéma d’Asie mériterait d’ailleurs une étude spécifique. Doucement diabolique dans chacun de ses films, Kôji Fukada l’était donc depuis ses débuts, depuis ce premier film réalisé à vingt-huit ans. Le comédien Kanji Furutachi y est déjà présent, inquiétant comme dans tous les films qu’il a interprétés pour Fukada, difficilement prévisible, masqué comme le Vautrin du grand Honoré.

René Marx

東京人間喜劇. Film japonais de Kôji Fukada (2008), avec Masayuki Yamamoto, Kanji Furutachi, Minako Inoue, Yuri Ogino. 2h20.




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