Publié le 14 octobre, 2017 | par @avscci
0L’atelier de Laurent Cantet
Situés dans des pays et des contextes différents, les films de Laurent Cantet affichent pourtant une belle cohérence, celle d’un engagement humain que rien ne vient jamais troubler. Si ce n’est que ses personnages sont le plus souvent en ébullition, se débattant devant un trouble existentiel et des difficultés liées aux dysfonctionnements de la société dans laquelle ils se meuvent. On parle beaucoup dans les films de Laurent Cantet, car la parole est libératrice, qui permet de poser les questions qui fâchent et de dénouer les conflits. Ou pas, tant elle peut également être meurtrière. Ce qui n’ôte rien à l’empathie que le cinéaste entretient pour ses personnages. Comme le titre le suggère, ceux de L’Atelier sont liés par un projet, celui de produire un roman, l’atelier en question étant d’écriture. Toute la force du film est de nous faire saisir les rapports de force et de séduction qui se nouent entre les différents participants, à commencer par celle qui mène le débat (et perd parfois pied). Le film balance, avec un bonheur égal, entre ces scènes qui reposent essentiellement sur des échanges verbaux, et d’autres, très physiques où nous cédons à la séduction des corps, de l’eau, du soleil. Car nous sommes à La Ciotat, célèbre ville portuaire des environs de Marseille qui porte en elle toute l’histoire ouvrière de la région, pour avoir été le siège de très importants chantiers navals (avant une reconversion douloureuse). Pour les cinéphiles, il n’est pas sans intérêt de savoir que l’atelier se déroule dans un lieu magique, en aplomb des calanques, qui se trouve être la villa qu’occupait Michel Simon pendant ses moments de villégiature. Le film ne le dit pas, mais ne porte-t-il pas par essence et sans le revendiquer une certaine magie du cinéma ?
Yves Alion
Film français de Laurent Cantet (2017), avec Marina Foïs, Matthieu Lucci, Warda Ramamch. 1h 53.
Critique en partenariat avec l’ESRA.