Critique

Publié le 8 septembre, 2022 | par @avscci

0

Kompromat de Jérôme Salle

Kompromat est dans un premier temps un excellent thriller, porté à bout de bras par un Gilles Lellouche qui décidément nous épate à chaque fois. L’histoire d’un type ordinaire pourchassé par toutes les polices alors qu’il n’a rien à se reprocher. Nous sommes évidemment à chaque seconde avec lui, nous retenons notre souffle à chaque fois qu’il frôle la catastrophe, du cousu main. Mais Kompromat n’est pas Le Fugitif et ni les codes ni l’univers du cinéma américain d’action ne sont au rendez-vous. Et pour cause puisque c’est dans la Russie de Poutine que se situe l’action, notre homme devant rejoindre l’Europe après avoir traversé toute la Sibérie sain et sauf. Un sacré enjeu, de multiples retournements de situation. Mais le film prend définitivement une autre ampleur quand nous nous rendons compte qu’il s’agit d’une histoire vraie, qui a quelque peu empoisonné les relation franco-russes ces dernières années. Le héros de cette triste histoire se nomme dans le civil Yoann Barbereau, qui n’a eu qu’un seul tort, celui de vouloir montrer que la culture était un espace de liberté alors qu’il dirigeait l’Alliance française d’Irkoutsk. Et le film de nous faire comprendre que les Russes (du moins certains d’entre eux) honnissent les valeurs occidentales, et qu’ils ne s’embarrassent pas de précautions pour le signifier.  Kompromat a été tourné en Lituanie, avant que les troupes de Poutine n’envahissent l’Ukraine, mais avec le recul il trouve parfaitement sa place sur le tableau angoissant de la géopolitique actuelle. Cinéaste atypique, Jérôme Salle comptait jusqu’ici un très grand film dans sa filmo, Zoulou, qui sur fond de thriller grattait les plaies de l’Apartheid en Afrique du Sud. Grâce à Kompromat, il y en désormais deux…

Yves Alion

Film français de Jérôme Salle (2022), avec Gilles Lellouche, Joanna Kulig, Michael Gor. 2h07.




Back to Top ↑