Critique

Publié le 5 avril, 2023 | par @avscci

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Kokon de Leonie Krippendorff

Le temps d’un été caniculaire à Berlin, Nora, 14 ans, affronte bille en tête l’âge ingrat, en s’efforçant de colmater les brèches d’une vie familiale bancale au sein de laquelle sa sœur aînée s’est substituée à leur mère. Soucieuse de s’intégrer parmi ses aînés, l’adolescente tente de trouver de nouveaux repères sur le plan affectif. Comme pour grandir plus vite. Au sein d’un cinéma allemand qui avance en ordre dispersé, la réalisatrice Leonie Krippendorff impose une petite musique entêtante qui passe par un sens de l’observation aigu et une attention particulière portée à des gamines qui vivent le mobile à la main, quitte à se retrouver pour goûter à l’ivresse des premiers émois. C’est l’expérience faste et douloureuse que va connaître Nora en croisant le destin d’une fille plus âgée qu’elle, tornade blonde dont on pressent qu’elle marquera son existence toute entière. Kokon est la chronique tendre et cruelle d’une période où l’anodin apparaît souvent comme essentiel dans la confusion des sentiments. À l’image des chenilles qu’élève Nora et qui deviendront des papillons, métaphore charmante, mais un peu trop appuyée, la jeune fille profite de l’insouciance de cet été-là pour sortir de son cocon, avec l’envie de grandir en accéléré afin d’échapper à un quotidien qui l’oppresse. Cette peur du vide sinon de l’inconnu est aussi le privilège d’un âge que cerne avec justesse Leonie Krippendorff, pourtant de vingt ans plus âgée que son héroïne dont elle traduit les tourments et les joies. En espérant que Kokon trouve son public, car sa fraîcheur et son authenticité le méritent.

Jean-Philippe Guerand

Film allemand de Leonie Krippendorff (2020), avec Lenna Urzendowsky, Jella Haase, Lena Klenke. 1h35.




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