Critique

Publié le 15 juin, 2024 | par @avscci

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Juliette au printemps de Blandine Lenoir

Quoi de plus risqué qu’un pèlerinage dans son passé pour émerger d’une dépression ? La réalisatrice d’Annie colère signe un portrait de groupe avec névroses et secrets de famille bien gardés où les apparences sont souvent trompeuses mais où les acteurs ont des rôles passionnants à défendre. Ce joli monde tourne autour de la trop rare Izïa Higelin, avec pour sœur la papillonnante Sophie Guillemin qui accomplit ces temps-ci un retour spectaculaire au premier plan, pour parents hautement perchés Jean-Pierre Darroussin et Noémie Lvovsky, séparés depuis des lustres mais toujours complices face à l’adversité, et pour grand-mère indigne l’exquise Liliane Rovère, peut-être la plus heureuse en amour malgré son grand âge. Une mosaïque humaine où personne n’est tout à fait à sa place et ne dit vraiment ce qu’il pense, mais où le retour de la fille prodigue contribue à révéler au grand jour d’innombrables dysfonctionnements qui font de cette fausse famille modèle le creuset de bon nombre de frustrations individuelles. Bref, la vie dans toute sa diversité revue et corrigée par la réalisatrice avec la complicité au scénario de Maud Ameline d’après une BD de Camille Jourdy, au rythme de la musique composée par l’excellent Bertrand Belin. La chronique sentimentale n’est en fait ici que le faux nez d’une réflexion sur l’usure du temps avec son cortège de non-dits, de malentendus et d’incompréhension. Ce qui suffit à justifier en soi la célèbre formule “ Famille je vous aime, famille je vous hais ”. Tout un programme qu’illustre ce film à la fois extrêmement simple et terriblement compliqué.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Blandine Lenoir (2024), avec Izïa Higelin, Jean-Pierre Darroussin, Sophie Guillemin, Noémie Lvovsky 1h36.




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