Critique J'irai mourir dans les Carpates d'Antoine de Maximy

Publié le 17 septembre, 2020 | par @avscci

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J’irai mourir dans les Carpates d’Antoine de Maximy

Depuis 2004, Antoine de Maximy a traversé 60 pays pour sa série télévisée J’irai dormir chez vous. Si le mot « sympathique » a un sens en français, il a été inventé pour lui. Ceux qui se passionnent pour son parcours sont séduits par son humanité, son humour, sa placidité aventureuse (l’oxymore ici n’en est plus un). Comme sont séduits les hôtes malgaches, chiliens, birmans ou kirghizes qui le reçoivent dans leurs châteaux ou leurs bicoques. Il passe à la fiction à 60 ans et invente une aventure à la Tintin dans une Roumanie transparente, mais dont le nom n’est jamais cité. Il imagine une émission qui tourne mal, son personnage disparaît mystérieusement. Son équipe parisienne se résigne à sa mort, mais sa monteuse s’obstine et cherche à comprendre en scrutant les rushes retrouvés. On est dans une version foutraque de Blow Up, dans un film aussi chaleureux que son auteur, produit à l’origine par crowdfunding. Un travail de professionnel ficelé par un réalisateur éternellement amateur, marginal, pince-sans-rire, qui s’invite dans le monde du cinéma comme dans  les salons perdus des jungles, des banlieues, des capitales et des hameaux de la planète entière. Les Roumains pas mal pervers qu’il croise dans l’aventure sont portraiturés comme les Syldaves d’Hergé, la caricature est parfois excessive (ce qui n’arrive jamais dans ses émissions de télévision). Mais loin d’une simple pochade humoristique, il y a une folie, une audace, sans doute une gravité qui rend le film plus solide qu’on ne croirait. Le fantasme de la mort solitaire du voyageur perdu, qui obsède forcément tous ceux qui prennent le large, est combattu par l’outil toujours vainqueur : le voyageur ne périt pas, parce qu’il continue à se filmer.

René Marx

Film français d’Antoine de Maximy (2020), avec Antoine de Maximy, Alice Pol, Max Boublil, Stéphan Wojtowicz. 1h36.




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