Critique

Publié le 11 janvier, 2024 | par @avscci

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Jeunesse (Le Printemps) de Wang Bing

Reconnaissons en préambule le fait que le nouveau documentaire de Wang Bing est long, très long, trop long sans doute. Pourtant, cela ne l’empêche pas d’être une œuvre majeure et indispensable avec laquelle il est nécessaire de se confronter. Car c’est justement sa durée (celle du récit – 3h32 – et encore ne s’agit-il que du premier volet d’un film qui en comptera trois ; celle du tournage, étendu entre 2014 et 2019) qui lui permet d’obtenir le résultat que l’on découvre à l’écran : une plongée immersive dans différents petits ateliers privés de confection textile de la région de Huzhou, à la découverte d’un monde à part qui emploie environ 300 000 ouvriers temporaires venus des régions pauvres et rurales du centre du pays. Le dispositif de Wang Bing se résume donc à peu de choses : laisser tourner sa caméra dans la continuité, captant aussi bien des moments de détente ou de quotidien que les gestes précis et répétitifs des ouvriers au travail. Refusant de morceler cette réalité qui lui est offerte, il a construit Le Printemps à partir de neuf séquences qui montrent les échos et les similitudes que l’on peut retrouver d’un endroit à l’autre, qu’il s’agisse des rapports humains (souvent joyeux, pour ne pas dire badins) ou des régulières tentatives de renégociation des tarifs qui sont appliqués. Il s’emploie également à filmer ses protagonistes dans toute leur complexité, évitant de les réduire au rang de simples allégories d’ouvriers, offrant ainsi – bien plus qu’un simple constat social – un véritable portrait collectif.

Marie-Pauline Mollaret

Qīngchūn. Documentaire chinois de Wang Bing (2023). 3h32.




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