Critique

Publié le 14 décembre, 2022 | par @avscci

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In viaggio de Gianfranco Rosi

L’œuvre de Gianfranco Rosi est encore trop peu considérée en France, malgré le Lion d’Or à Venise en 2013 pour Sacro Gra, décerné par un jury présidé par Bernardo Bertolucci. C’était la première fois depuis la création de la Biennale qu’un documentaire était couronné. Malgré l’Ours d’Or à Berlin en 2016 pour Fuocoammare. Première fois aussi à Berlin pour un documentaire. Cette collection de distinctions internationales est la reconnaissance d’un talent que d’autres documentaristes n’ont pas toujours, même parmi les plus grands : dans sa quête de la vérité, le cinéaste n’abandonne jamais le regard du poète. Dans In viaggio, Gianfranco Rosi est dans une sorte de réserve puisqu’une partie des images ne sont pas de lui.  Il monte avec pertinence images anciennes, extraits de ses films précédents et reportages internationaux pour suivre les voyages du pape François depuis 2013, de Cuba à l’Irak, de Washington à Hiroshima, de Jérusalem aux Philippines, des naufrages en Méditerranée aux ravages du Covid. Images sans commentaires, chronologie renversée, mélange de l’intimité et de la visibilité mondiale, portrait d’un homme pris dans les souffrances du monde, les péchés de son église, les difficultés de modifier le réel par la seule parole. Film sérieux, émouvant, admiratif de son personnage, laissant la place au doute et à la réflexion politique. On peut ne pas aimer la puissance vaticane, on peut aussi demander comme le cruel Staline au sujet de Pie XII : « Combien de divisions ? ». Impossible pourtant d’être indifférent à ce cheminement courageux d’un homme assez seul et évidemment modeste, au fond un « athlète du Christ » (c’était un des surnoms de Jean-Paul II). Un homme qui lutte contre des puissances qui le menacent aussi à l’intérieur même de l’institution qu’il dirige. Oui, difficile d’être indifférent à un tel film.

René Marx

Film documentaire italien de Gianfranco Rosi (2022). 1h20.




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