Critique

Publié le 24 mars, 2024 | par @avscci

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Hors-Saison de Stéphane Brizé

En délaissant avec Hors-saison le champ social où La Loi du marché, En guerre et Un autre monde avaient fait leur nid, Stéphane Brizé n’a surpris que ses admirateurs de la dernière heure. Les autres n’ont pas oublié que ce cinéaste à fleur de peau est tout aussi attentif aux enjeux personnels et aux élans amoureux. Le héros de Hors-saison est un comédien célèbre, interprété en l’occurrence par un alter-ego qui n’est autre que Guillaume Canet. Un passage à vide, le besoin de faire une pause pour remettre deux ou trois choses d’équerre le conduisent à se payer une semaine de thalasso en Bretagne. Ce qui nous vaut une première partie assez décalée, où notre homme joue les funambules, peine à prendre ses marques, rejoignant par moments et pour notre plus grands bonheur un autre grand inadapté en vacances, Monsieur Hulot. Mais le hasard fait qu’au bout d’un moment le séjour prend une nouvelle teinte, quand notre homme renoue avec une femme passionnément aimée quelques années plus tôt. L’occasion de retrouvailles aussi troublantes que douloureuses, l’occasion d’une introspection à deux où la moindre intonation de la voix, le plus petit rictus du visage prennent des dimensions monumentales. En filmant ce qui se (re) noue entre Canet et la chavirante Alba Rohrwacher, Stéphane Brizé retrouve ce qui faisait la grâce et la fragilité de Mademoiselle Chambon. Hors-saison n’est pas un film qui se jette à notre cou sans crier gare, c’’set un film qui se mérite et qui parfois choisit de se faire désirer, multipliant les apartés et les ruptures de rythme ou de ton. Mais c’est un film qui nous fait partager la mélancolie des personnages avec un tact et une intelligence auxquels nous ne sommes pas souvent confrontés…

Yves Alion

Film français de Stéphane Brizé (2023), avec Guillaume Canet, Alba Rohrwacher, Sharif Andoura. 1h46.




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