Critique

Publié le 13 novembre, 2023 | par @avscci

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Goodbye Julia de Mohamed Kordofani

Rares sont les territoires encore vierges de toute cinématographie. C’était le cas du Soudan jusqu’au premier long métrage de Mohamed Kordofani, couronné cette année fort légitimement du Prix de la liberté au Festival de Cannes. Le film prend pour cadre la fracture endémique qui déchire ce territoire. À la suite d’une banale altercation qui a dégénéré, une riche musulmane engage à son service une jeune veuve de confession chrétienne avec qui elle noue une complicité qui dépasse leurs simples rapports hiérarchiques. Jusqu’au moment où affleure une vérité qui dérange et conduit la situation géopolitique à s’inviter au sein de cette amitié idyllique. Goodbye Julia s’appuie sur un fait divers presque anodin en usant de la synecdoque comme d’une figure de style particulièrement éloquente, dans un contexte sociopolitique sous-médiatisé. Goodbye Julia décrit l’amitié de deux femmes liées par une tragédie secrète, à travers un profond sentiment de culpabilité qui tranche avec l’antagonisme fracturant la société soudanaise. L’habileté du scénario imaginé par Mohamed Kordofani consiste à s’attacher davantage à ce qui rapproche ces deux femmes qu’à ce qui les sépare. Avec en prime la confrontation de l’actrice et chanteuse Eiman Yousif et du mannequin de renommée internationale Siran Riak. Un propos qui passe en outre par une facture à contre-courant du cinéma d’auteur traditionnel et vise délibérément le grand public par le biais d’un registre narratif qui puise autant à Bollywood qu’à Hollywood dans le souci d’assurer à son message humaniste l’audience la plus large possible.

Jean-Philippe Guerand

Film soudano-suédois de Mohamed Kordofani (2023), avec Siran Riak, Eiman Yousif, Nazar Gomaa, Ger Duany 2h.




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