Critique Golda Maria de Patrick et Hugo Sabelman

Publié le 5 février, 2022 | par @avscci

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Golda Maria de Patrick et Hugo Sobelman

Si le mot mémoriel a un sens, voici un film qui l’illustre magistralement. Tout commence en 1994 lorsque Patrick Sobelman entreprend de recueillir le témoignage de sa grand-mère Golda Maria Tondovska, née en 1910 en Pologne, une femme qui a partagé le martyre de beaucoup de juifs et dont le témoignage lui semble inestimable alors que cette génération commence à s’éteindre inexorablement. Et puis, les années ont passé… Jusqu’au moment où le producteur de Lucas Belvaux, Solveig Anspach et tant d’autres auteurs s’est avisé de visionner ces images devenues historiques et que son fils Hugo a entrepris de les monter, en opérant là symboliquement son premier acte de cinéaste. Le résultat est un voyage bouleversant dans un enfer dont il ne subsiste que de très rares images, le comble du Troisième Reich ayant consisté à effacer les traces de ses crimes aux yeux de la postérité. C’est précisément la force de Golda Maria de s’opposer à l’oubli avec la seule puissance des mots que prononce cette vieille dame qui bascule du rire aux larmes d’une phrase à l’autre. Voyage nécessaire et bouleversant dans une époque troublée où la montée des fascismes a jeté sur les chemins de l’exil des morts en sursis dont certains ont ensuite été raflés dans les pays où ils avaient cru bon de se réfugier pour vivre en paix. La voix de Golda Maria, qu’elle soit ferme et assurée ou vienne à se briser par moments, est de celles qui subsistent longtemps dans notre mémoire, comme une lanceuse d’alerte surgie du passé qui veillerait à nous empêcher d’oublier. Un rempart implacable contre les marchands du temple révisionnistes auxquels Eric Zemmour donne des ailes…

Jean-Philippe Guerand

Film documentaire français de Patrick et Hugo Sobelman (2020), avec Golda Maria Tondovska 1h55.




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