Critique Feu Follet de Joao Pedro Rodrigues

Publié le 15 septembre, 2022 | par @avscci

0

Feu follet de João Pedro Rodrigues

Au moment de mourir, Alfredo, “roi sans couronne”, se souvient de sa jeunesse, et notamment de l’époque où, dans l’espoir de contribuer à sauver le monde, il voulait devenir pompier. Construit comme une succession de tableaux décalés et ironiques, le nouveau film de João Pedro Rodrigues (L’Ornithologue, Mourir comme un homme) s’assume dès son affiche comme une “fantaisie musicale”, ce à quoi le réalisateur portugais ne nous avait pas tout à fait habitués. Et c’est vrai que l’humour et la musique sont les maîtres-mots de cette quête d’identité qui interroge les destinées individuelles comme collectives et porte sur le passé de son pays (colonial, notamment) un regard à la fois acerbe et porteur d’espoir. Sous ses faux airs de comédie sensuelle décomplexée, qui fait la part belle à tous les types de corps et de physionomie, Feu follet dissimule ainsi une dimension plus profonde. Car le jeune prince héritier, malgré l’inanité du milieu dans lequel il a grandi, est capable de s’émouvoir devant la beauté d’un monde qu’il ne tient pas pour acquis, et de tomber amoureux sans se soucier des préjugés d’un autre temps. A travers ce personnage, que l’on suit aux différents âges de sa vie, c’est la complexité mais aussi la beauté de l’être humain qui apparaissent en filigrane. Ce que confirme avec malice la séquence finale, articulée autour d’une déchirante interprétation de Fado et d’une révélation en forme d’ultime pied-de-nez qui rebat à son tour les cartes du destin.

Marie-Pauline Mollaret

Fogo-fatuo, film portugais de João Pedro Rodrigues (2022) avec Mauro Costa, André Cabral, Joel Branco, Oceano Cruz. 1h07




Back to Top ↑