Et la fête continue de Robert Guédiguian

Comme souvent, mais sans doute de façon encore plus marquée que d’habitude, Robert Guédiguian lie les péoccupations individuelles et les élans collectifs pour afficher sa foi en l’homme et les combats nécessaires à un monde meilleur en les incarnant. Une incarnation d’autant plus réussie qu’il passe par des comédiens exemplaires, qu’il connait sur le bout des doigts (à commencer par le trio de toujours: Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin), constituant comme une troupe de théâtre qu’aucun autre cinéaste, même parmi les plus fidèles, n’a jamais fait vivre de la sorte. Le point de départ du film est l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne, à Marseille (qui nous offre au passage quelques images d’archives, auxquelles le cinéaste n’avait encore japmais eu recours pour illustrer son propos). Le film dès lors suit différents personnages confrontés à ce drame (qui rappelons-le a causé plusieurs morts, avant de souligner la désinvolture des autorités locales), entrecroise leurs parcours, raconte quelques histoires d’amour et monte en exergue l’engagement citoyen de ceux qui veulent faire cahner les choses. Il n’est d’ailleurs pas interdit de penser que le personnage d’Ariane Ascaride n’est autre que Michèle Rubirola, qui dans la foulée du drame sera élue (de gauche) à la mairie de Marseille. En fait, on ne sait pas trop par quel bout prendre Et la fête continue ! Car c’est un film foisonnant, qui nous entraîne dans toutes les directions, pour nous donner au final le sentiment que Guédiguian a réalisé une synthèse de toute son oeuvre. Cela pourrait être lénifiant ou trop théorique. Mais le cinéaste a de l’énergie à revendre et une bienveillance pour ses contemporains dont nous sommes jaloux, un Ken Loach de l’Estaque dont nous guettons chaque nouveau film avec gourmandise…

Yves Alion

Film français de Robert Guédiguian (2023), avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Robinson Stévenin. 1h46.