Critique Et j'aime la fureur d'André Bonzel

Publié le 26 avril, 2022 | par @avscci

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Et j’aime à la fureur d’André Bonzel

André Bonzel fut le coréalisateur, avec Rémy Belvaux et Benoît Poelvoorde de C’est arrivé près de chez vous en 1992, film de copains à petit budget et succès formidable, grâce à une insolence et une créativité qui brille encore trente ans après. Pendant ces trente ans, Bonzel a été cameraman et directeur de la photo et a réalisé quelques courts métrages documentaires. À soixante ans (mais il dit : « Dans ma tête j’ai l’impression d’en avoir 20 »), il propose donc aujourd’hui son second long métrage. C’est l’histoire d’une passion, de sa passion de collectionner les films, les bobines d’amateur tournées à toutes les époques du cinéma. A partir de ces milliers d’heures, il raconte sa propre vie (rêvée) en mêlant des visages (des bobines ?) d’inconnus et les témoignages visuels de sa propre vie, ses difficultés avec ses parents, ses enthousiasmes d’adolescent, son amitié avec Poelvoorde et Belvaux, ses amours toujours traduites en images. Il fabrique ainsi une véritable mythographie du XXè siècle à laquelle il mêle sa propre intimité, d’autant plus qu’il a préféré garder sa propre voix pour le commentaire, plutôt que de faire appel à un comédien. Et en s’appuyant sur la musique originale inspirée par son film à Benjamin Biolay. Il travaille ainsi à la manière du récent Retour à Reims de Jean-Gabriel Périot. Là où Périot embrasse toute l’histoire de la classe ouvrière française, Bonzel reste collé à sa propre intimité, à ses questions sur la filiation, le rapport à des ancêtres inconnus, la pulsion érotique alimentée par les images, la mélancolie et la joie de regarder le temps passer. Si la portée de son film est moins universelle que celle de Périot, Bonzel s’adresse aux sentiments, à la mémoire, au questionnement sur l’art du cinéma. Du beau travail.

René Marx

Film documentaire français d’André Bonzel (2022).1h36




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