Critique Et il y eut un matin d'Eran Kolirin

Publié le 11 avril, 2022 | par @avscci

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Et il y eut un matin d’Eran Kolirin

De retour pour le mariage de son frère dans le village arabe de son enfance où il est accueilli en véritable fils prodigue, Sami se retrouve prisonnier avec sa femme et son fils, lorsque l’armée israélienne coupe le lieu du monde en y installant des checkpoints, sans aucune explication rationnelle. Une situation absurde qui va attiser les tensions et l’incompréhension ambiante. Et il y eut un matin est l’adaptation d’un roman de Sayed Kashua par un réalisateur qui a vécu des expériences extrêmes avec ses trois longs métrages précédents. Au triomphe international de La Visite de la fanfare (2007), adapté en comédie musicale à Broadway, ont succédé The Exchange (2011), puis Au-delà des montagnes et des collines (2016) qui n’a même pas été distribué en France malgré sa sélection cannoise dans la section Un certain regard. Il s’attelle aujourd’hui à un conte philosophique qui pointe l’absurdité de la réalité israélienne contemporaine et de la situation de la communauté palestinienne. Eran Kolirin adopte le ton de la fable pour disserter sur une situation géopolitique inextricable dont ses personnages sont les victimes plus passives qu’actives. Derrière un ton parfois résolument absurde, le film entend montrer des individus en proie à une situation qui les dépasse et s’offre quelques ponctuations poétiques, à l’image de ces colombes qui refusent de s’envoler comme si elles ne voulaient pas assumer leur charge symbolique. Il souffle parmi ce paysage une délicieuse brise de subversion qui ne l’empêche pas pour autant de proposer une réflexion qui va plus loin qu’elle n’en a l’air.

Jean-Philippe Guerand

Vayehi Boker Film israélo-français d’Eran Kolirin (2020), avec Alex Bachri, Juna Suleiman, Salim Daw, Eihab Salame, Khalifa Natour. 1h41.




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