Critique

Publié le 9 juin, 2024 | par @avscci

0

En attendant la nuit de Céline Rouzet

Le fantastique étant désormais une constituante non négligeable du cinéma français, notamment à travers des réalisatrices telles que Julia Ducournau (Grave) ou Coralie Fargeat (The Substance), Céline Rouzet choisit à son tour de s’illustrer sur ce registre et plus particulièrement dans ce sous-genre que constitue le film de vampires. Elle aborde toutefois ce mythe sous l’angle d’une malédiction au sein d’une famille traditionnelle dont le fils a affirmé sa singularité dès sa venue au monde en mordant le sein de sa mère jusqu’au sang. Soucieuse de protéger la chair de sa chair, celle-ci décide de se réfugier dans une banlieue pavillonnaire anonyme pour éloigner son fils de la tentation, là où il a besoin de sang frais pour assurer sa survie. La réalisatrice assimile toutefois le vampirisme à une maladie honteuse susceptible de déclencher des réactions irrationnelles, mais aussi une prison sans barreaux qui prohibe l’amour et condamne à l’isolement. En attendant la nuit se présente comme une chronique de l’intolérance qui revêt les atours d’un drame psychologique sur fond de chasse aux sorcières. Sa réussite consiste à traiter un fléau légendaire comme une maladie contagieuse et condamne celui qui en est atteint à se sacrifier pour protéger les siens. Il convient ici de louer la justesse du casting qui associe Élodie Bouchez et Jean-Charles Clichet dans les rôles des parents, mais aussi l’étonnant Mathias Legoût Hammond à une Céleste Brunnquell de plus en plus irrésistible, avec un sous-texte sur le handicap et le poids de l’anormalité dans une société toujours moins tolérante.

Jean-Philippe Guerand

Film belgo-français de Céline Rouzet (2023), avec Mathias Legoût Hammond, Céleste Brunnquell, Élodie Bouchez. 1h44.




Back to Top ↑