Critique

Publié le 9 juin, 2024 | par @avscci

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Dissidente de Pier-Philippe Chevigny

Une interprète engagée dans une usine québécoise pour servir d’intermédiaire avec la main d’œuvre guatémaltèque se rend compte des conditions de travail indignes que subissent ces ouvriers précaires et corvéables à merci. Vaste sujet qui touche par son caractère universel en soulignant le poids des mots lorsqu’il s’agit de traduire des maux. Au sein d’un cinéma occidental qui semble avoir renoncé à sa fonction de dénonciation sociale et politique, Dissidente pointe une situation au fond assez répandue à une époque où les vastes mouvements de population du Sud vers le Nord condamnent les migrants à la précarité. Une histoire pas si simple que le réalisateur Pier-Philippe Chevigny traite sans aucun manichéisme. Il choisit pour cela une femme placée dans une situation d’écoute ô combien délicate, que la direction essaie de manipuler, mais à qui sa position stratégique permet de prendre le parti des plus faibles à l’insu même de ses employeurs. Avec ce paradoxe qui veut que quand les ouvriers repartent dans leur pays, leur mission accomplie, l’un d’eux lui promet de l’accueillir pour lui faire visiter un jour la terre de ses ancêtres. Un joli paradoxe qui reflète l’esprit de ce film généreux porté par un salubre vent de révolte. Dissidente s’appuie sur une structure narrative nourrie par les témoignages des travailleurs étrangers temporaires qu’a recueillis son réalisateur. Cette histoire repose en outre sur le charisme de deux comédiens indissociables de leurs rôles : Ariane Castellanos et le caméléon Marc-André Grondin vu récemment dans le rôle-titre du Successeur.

Jean-Philippe Guerand

Richelieu. Film canado-français de Pier-Philippe Chevigny (2021), avec Ariane Castellanos, Marc-André Grondin, Nelson Cronado. 1h29.




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