Critique

Publié le 21 novembre, 2024 | par @avscci

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Diamant brut d’Agathe Riedinger

Le premier long métrage d’Agathe Riedinger saisit dans toute sa complexité le personnage de Liane, une jeune fille de 19 ans qui s’efforce de ressembler aux influenceuses qu’elle admire sur TikTok, tout en aspirant à être à la fois comprise et aimée pour qui elle est vraiment. Alors qu’un casting pour une émission de télé-réalité rend tout à coup le rêve accessible, son existence vacille. C’est ce mélange d’assurance et de trouble, de calcul et de sincérité, que capte la réalisatrice dans un récit d’émancipation bourré d’énergie, qui est une variation ultracontemporaine autour de l’atemporel désir d’ascension sociale. Liane, comme tant d’adolescentes (d’aujourd’hui, d’hier), veut en effet transcender son destin : devenir célèbre, riche, adulée de tous. Pour cela, elle recourt à la seule arme dont elle dispose – croit-elle : son physique avantageux. En vérité, le film montre habilement que la jeune fille suit surtout le seul modèle qu’elle connaisse – et qu’elle s’autorise. Car l’histoire est avant tout celle d’une jeune femme confrontée à l’image que la société lui renvoie d’elle-même, image que les autres ne cessent de vouloir contrôler, et qu’elle-même tente sans relâche de façonner pour plaire, encore et toujours. En cela, Diamant brut porte un regard saisissant, mais dénué de jugement moral, sur la manière dont notre société utilise de nouveaux outils (réseaux sociaux, téléréalité) pour recombiner, sans les transformer véritablement, les enjeux liés à l’émancipation des femmes. Pour être libre, il faut toujours être belle mais il n’est désormais plus obligatoire de se taire.

Marie-Pauline Mollaret

Film français d’Agathe Riedinger (2024), avec Malou Khebizi, Idir Azougli, Andréa Bescond. 1h43.




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