Critique Yomeddine d'Abu Bakr Shawky

Publié le 21 novembre, 2018 | par @avscci

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Yomeddine d’Abu Bakr Shawky

Le premier long-métrage d’A.B. Shawky, né au Caire il y a 33 ans. était en compétition officielle à Cannes cette année. Il y a presque dix ans, dans un court-métrage documentaire, il avait filmé une léproserie. Lieu absurde au 21ème siècle puisqu’on sait très bien soigner la lèpre. Pour faire d’un lépreux le héros de cette première fiction, l’honnêteté la plus élémentaire était d’engager un acteur souffrant réellement de cette maladie. C’est le cas de Rady Gamal. Dans un élan qui évoque le néo-réalisme bien plus que le Freaks de Tod Browning auquel on l’a parfois comparé, Shawky le fait traverser le pays aux côtés d’un enfant perdu. Le réprouvé et l’orphelin (que sa peau noire exclut autant que la lèpre) font naître rapidement pour le spectateur la légèreté, la douceur, le sourire. C’est bien dans cette tradition à la Zavattini que se situe Shawky, un humanisme bienveillant qui ne cache rien de la tristesse, de la misère générale, du racisme entre les pauvres, de l’incapacité politique de mettre fin à des maladies pourtant facile à combattre, de la cruauté quotidienne. C’est du côté d’autres exclus absolus que les deux amis vont trouver refuge. Certains à Cannes ont fait la fine bouche. La sensibilité du metteur en scène fait pourtant de son road movie une aventure passionnante, de son humanisme une force morale qui ne tombe dans aucune mièvrerie. Si on suit les deux personnages avec tant de sympathie et d’intérêt, c’est tout simplement qu’il y a un cinéaste de grand talent pour raconter leur histoire.

René Marx

Film égyptien de Abu Bakr Shawky (2018), avec Rady GAMAL et Ahmed ABDELHAFIZ. 1h37

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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