Critique Affiche de Une Saison en France de Mahamat-Saleh Haroun

Publié le 31 janvier, 2018 | par @avscci

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Une saison en France de Mahamat-Saleh Haroun

Le nouveau film de Mahamat-Saleh Haroun (Un homme qui crie, Grigris) dépeint le quotidien de réfugiés qui attendent fébrilement la régulation de leur situation en France, tout en s’inspirant d’un fait réel survenu en 2014, lorsqu’un demandeur d’asile tchadien s’était immolé par le feu à la Cour nationale du Droit d’asile de Montreuil. Son personnage principal, Abbas, a fui la Centrafrique après l’assassinat de sa femme. Avec ses deux enfants,  son frère Etienne et son amie Carole, il a recréé à Paris une petite communauté soudée, plutôt joyeuse, loin des horreurs de la guerre. Lorsqu’il décrit cette existence simple, banale de normalité, le réalisateur parvient à être à la fois juste et touchant. Bien sûr tout n’est pas rose, mais c’est la vie et ses contrastes qu’il filme avec douceur et bienveillance. Malheureusement, lorsque la situation se dégrade pour les deux frères, le film perd pied. La surenchère de malheurs qui les touchent fait alors l’effet d’une démonstration outrée destinée à parler de tous les sujets à la fois : le racisme, les lenteurs de l’administration, l’injustice (et l’aspect aléatoire) du droit d’asile, la lassitude des demandeurs, la cruauté d’un système qui balaie d’un revers de la main tous les liens qu’ils ont tissés en France… Vraisemblablement pétri de bons sentiments, et du désir sincère de dénoncer une situation effectivement insupportable, Une saison en France pêche ainsi par excès de didactisme, et peut-être un peu par naïveté. L’intrigue est finalement si chargée qu’au lieu d’être exemplaire, elle en devient dangereusement caricaturale.

Marie-Pauline Mollaret

Film français de Mahamat-Saleh Haroun (2017), avec Eriq Ebouaney, Sandrine Bonnaire, Aalayna Lys, Ibrahim Burama Darboe. 1h40.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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