Critique Un jour si blanc de Hlynur Palmason

Publié le 3 février, 2020 | par @avscci

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Un jour si blanc de Hlynur Palmason

Présenté lors de la dernière semaine de la critique cannoise, Un jour si blanc est un film légèrement trompeur. Un bref résumé de l’intrigue, la profession de policier de son personnage principal, et la présence même dans ce rôle de Ingvar E. Sigurosson, star du polar à succès norvégien Jar City, peuvent faire penser à un autre spécimen de ce noir scandinave si à la mode chez le public européen ces dernières années. Il n’en est rien, même si le désespoir, le deuil et la paranoïa, thèmes du film, se retrouvent dans bien des romans policiers. Ici, pas de meurtrier ou de mystère, si ce n’est l’ennemi intérieur et la détresse. Celle d’un veuf dévasté par la mort de sa femme, qui n’attend qu’une étincelle pour s’embraser, venant finalement sous la forme de la découverte de l’adultère de son épouse. La réalisation lie l’explosion qui suit à une sorte de phénomène plus large, ancrée dans la terre, les habitants, la nature, tout un univers qui s’agite dans l’anti-héros au cœur du film. C’est bien ce dernier, et la prestation de Sigurosson, qui donne de la chair à un long métrage parfois un peu froid et théorique. Sa rage rentrée, sa peine et sa colère, à peine devinées par le spectateur durant la première partie du récit, rendent leur libération plus terrible et humaine encore. Pour son deuxième film, Hlynur Palmason parvient à capter, avec l’aide de son acteur, quelque chose de rare et tranchant : la violence comme expression du deuil, de la douleur, comme seul vrai moyen de communication même. Ou l’envers mélancolique du mutisme nordique, et les démons qui s’y cachent. Au bout du compte, une œuvre effectivement pas si éloignée de ce noir scandinave.

Pierre-Simon Gutman

Hvítur, Hvítur Dagur. Film norvégien de Hlynur Palmason (2019), avec Ingvar E. Sigurosson, Ida Mekkin Hlynsdottir, Sara Dogg Asgeirsdottir. 1h49.




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