Critique 3 aventures de Brooke de Yuan Qing

Publié le 23 janvier, 2020 | par @avscci

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Trois Aventures de Brooke de Yuan Qing

Le titre de ce premier film d’une réalisatrice de 32 ans fait penser immédiatement à Éric Rohmer et ce sentiment persiste tout au long de la belle histoire de cette jeune Pékinoise en voyage au nord de la Malaisie. Pas de hasard. Yuan Qing rend hommage volontairement au cinéaste de Quatre Aventures de Reinette et Mirabelle. Le vélo de sa jolie touriste l’abandonne trois fois en rase campagne et trois fois le hasard (ou le scénario) la met en présence d’un nouveau destin minuscule, un moment de basculement incertain. La culture cinéphile de la cinéaste n’est jamais un poids. Elle invoque la cartomancienne de Cléo de cinq à sept, elle offre un très beau rôle au Pascal Greggory de Pauline à la plage, elle paraît même faire un clin d’œil aux lumières de In the mood for love. Comme chez le Alain Resnais de Smoking No Smoking, les incertitudes du hasard créent une belle confusion entre le scénario des films et le destin des êtres réels. Et par hasard, encore, Yuan Qing rejoint Kiyoshi Kurosawa et son récent Au bout du monde. Mais ces citations et ces croisements sont sans lourdeur et tel spectateur qui ne les verrait pas serait pris pourtant sous le charme et la douceur du propos. Comme chez les maîtres évoqués, la légèreté apparente n’oublie jamais la mélancolie, le sens du provisoire. Comme le dit Yuan Qing : « Notre existence semble tour à tour fugace et éternelle« .

René Marx

Xingxidesanciqiyu. Film sino-malaisien de Yuan Qing (2018), avec Xu Fangyi, Pascal Greggory, Ribbon et Kam Kia Kee. 1h40.




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