Critique Tesnota, une vie à l'étroit de Kantemir Balagov

Publié le 8 mars, 2018 | par @avscci

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Tesnota, une vie à l’étroit de Kantemir Balagov

Présenté à Cannes dans le cadre d’Un certain regard, ce premier film est le baptême du feu cinématographique d’un élève d’Alexandre Soukourov, Kantemir Balagov. Tesnota, une vie à l’étroit constitue surtout une incursion exotique dans une province reculée du Nord Caucase : la petite république de Kabvardino-Balkanie. Le réalisateur s’y inspire d’événements authentiques survenus à l’approche de l’an 2000, quand les familles juives étaient rançonnées en toute impunité. C’est le dilemme auquel se trouvent confrontés les parents et la sœur de David lorsque celui-ci est kidnappé avec sa fiancée. À travers ce fait divers, Balagov esquisse un tableau de mœurs au vitriol et s’attache à une véritable pasionaria, Ilana, mécanicienne prête à tout pour sauver son frère et préserver l’unité de sa famille. La mise en scène ne s’embarrasse d’aucune coquetterie inutile. Balagov mise sur la puissance de son sujet et privilégie la direction d’acteurs sans jamais dévier de son objectif. Face à une banalisation du mal devenue endémique dans une société foncièrement antisémite, il entretient la flamme de la résistance et signe un film universel habité de personnages d’une rare épaisseur humaine. Difficile de dissocier Tesnota de la composition de son actrice principale, Darya Jovner, justement couronnée du Prix Mademoiselle Ladubay au festival Premiers Plans d’Angers où le film a obtenu le Grand Prix du jury. Il y a dans son jeu une détermination et une rage à toute épreuve.

Jean-Philippe Guerand 

Tesnota. Film russe de Kantemir Balagov (2017), avec Darya Jovner, Olga Dragunova, Venjamin Kats. 1h58.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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