Critique Tanguy, le retour d'Etienne Chatillez

Publié le 10 avril, 2019 | par @avscci

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Tanguy, le retour d’Etienne Chatilliez

Intéressante trajectoire que celle d’Eienne Chatilliez. Après avoir signé quelques-unes des pubs les plus hilarantes de leur temps, il est passé à la réalisation de longs métrages tout aussi joyeusement moqueurs qui ont cassé la baraque au box-office. Parmi lesquels Tanguy, soit l’histoire d’un jeune homme qui trouve toutes les raisons du monde de ne pas quitter le giron familial à un âge où il est de bon ton de voler de ses propres ailes. Le film avait attiré plus de quatre millions de spectateurs et créé un archétype qui allait s’enraciner dans la culture populaire, le prénom devenant un substantif alors que l’on dénombrait des milliers de tanguys dans les familles françaises. Et puis les films du cinéaste ont moins bien marché. Son dernier opus, réalisé il y a sept ans, L’Oncle Charles, était sans doute son moins inspiré. Tant et si bien que l’on se demandait si l’on aurait un jour des nouvelles du créateur de La vie est un long fleuve tranquille. Nous ne cacherons donc pas notre plaisir de voir que notre homme a toujours des envies de cinéma. Et pour mettre toutes les bonnes fées de son côté, il a imaginé une suite, seize ans après l’original, de Tanguy. Il aurait pu donner une couleur très différente au film, comme l’avait fait (avec une réussite contestable) Coline Serreau avec Dix-huit ans après, qui renouait avec les personnages de Trois Hommes et un couffin. Mais il a choisi la continuité. A cet égard les spectateurs qui avaient fait fête à Tanguy ne seront pas déçus. Certes le terrain est un rien balisé, mais le film fonctionne indéniablement. D’une part parce que les raisons qui ont conduit notre héros à regagner ses pénates semblent totalement plausibles, de l’autre parce que Chatilliez trouve le moyen de faire monter la pression en multipliant les tanguys au fur et à mesure que la famille (chinoise) de notre homme s’élargit. Il n’est pas sans intérêt non plus (même si ce n’est pas l’axe premier du film) d’estimer le couple formé par Sabine Azema et André Dussolier seize ans après leurs premières armes. Seize ans qui mettent en lumière ce que l’on fait de sa vie et posent la question des priorités au moment où le temps n’est plus forcément infini…

Yves Alion

Film français d’Etienne Chatilliez (2019), avec Sabine Azema, André Dussolier, Eric Berger. 1h33.




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