Critique Rojo de Benjamin Naishtat

Publié le 3 juillet, 2019 | par @avscci

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Rojo de Benjamín Naishtat

C’est le troisième long métrage d’un cinéaste qui a étudié à Buenos Aires puis au studio du  Fresnoy en France. Né en Argentine en 1986, donc après la dictature militaire, il reste, comme tous ses compatriotes, porteur des traumatismes, des douleurs, des mensonges et des culpabilités  de cette période historique. En 1975, un avocat préfère dissimuler la mort d’un homme pour ne pas déranger sa vie tranquille et prospère. Trempant dans de sordides malversations immobilières, visant à récupérer les biens de victimes de la dictature, confronté à un détective chilien mystique, fou et lucide à la fois, le triste Claudio sauvera-t-il sa vilaine peau ? Parabole solide sur ceux qui détournent les yeux et soutiennent par apathie les pires horreurs, le film est aussi un objet formel très original. Les images, les décors évoquent le cinéma des années 70. Le cinéaste aime Boorman, Friedkin, Peckinpah. Il revendique un choix de couleurs, de mouvements d’appareil (zooms, fondus, ralentis), de traitement du son, résolument anachronique, une imitation très réussie et séduisante d’un cinéma presque cinquantenaire. Le jeu jamais réaliste des comédiens accentue le charme particulier d’un film surprenant formellement, même si son récit est plus prévisible et tend parfois à répéter les situations. En 2018, au festival de San Sebastian, il a obtenu les prix du Meilleur acteur, du Meilleur réalisateur et de la meilleure photographie.

René Marx

Film argentin de Benjamín Naishtat (2018), avec Dario Grandinetti, Andrea Frigerio, Alfredo Castro, Laura Grandinetti. 1h49

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