Critique Rafiki de Wanuri Kahiu

Publié le 27 septembre, 2018 | par @avscci

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Rafiki de Wanuri Kahiu

Deux lycéennes de Nairobi se sentent attirées l’une vers l’autre, leur amitié se transformant assez vite en amour, alors même que leurs pères respectifs se présentent comme candidats rivaux aux prochaines élections et voient rejaillir sur leur destinée politique les dégâts collatéraux de cette passion interdite. Cette situation pourrait paraître banale dans la plupart des pays. Pas au Kenya où l’homosexualité reste un puissant tabou puni par des lois extrêmement sévères. Autant dire que pour son premier long métrage, qu’elle a mis sept ans à monter, Wanuri Kahiu n’a pas opté pour le confort et la facilité, bien que son scénario soit la transposition d’une nouvelle de Monica Arac de Nyekou située à l’origine en Ouganda. Présenté au dernier festival de Cannes, Rafiki s’est vu depuis totalement censuré dans son pays et rend le retour de sa réalisatrice d’autant plus illusoire qu’elle s’y attaque à un autre sujet controversé : la condition féminine. Cette histoire d’amour est pourtant d’une banalité absolue et la réalisatrice filme avec délicatesse deux êtres submergés par leurs sentiments. Qu’importe dès lors le sexe de ses protagonistes. Rafiki n’est pas sans évoquer La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche par le regard que porte Wanuri Kahiu sur ses deux protagonistes. Ce qu’elle filme est universel : c’est la naissance de la passion et ce moment fatal où l’insouciance est brisée par le regard des autres et le poids des préjugés. Quoi de plus universel que la fin de l’innocence ?

Jean-Philippe Guerand

Film kenyan de Wanuri Kahiu (2018), avec Samantha Mugatsia, Sheila Munyiva, Jimmi Gathu. 1h22.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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