Publié le 16 mai, 2018 | par @avscci
0Manhattan Stories de Dustin Guy Defa
Le film choral est devenu la scie du cinéma contemporain. Claude Lelouch, Robert Altman et Alejandro González Iñárritu y ont puisé l’inspiration de leurs meilleurs films.Manhattan Stories applique aujourd’hui cette formule magique avec un certain bonheur, la règle des trois unités assurant au projet un minimum de cohérence. La magie de New York fait le reste. Il suffit désormais d’entrevoir des gratte-ciels, des immeubles en brique ocre, des taxis jaunes et des plaques d’égout crachant leurs fumerolles pour convoquer Martin Scorsese ou Woody Allen, ses chantres les plus inspirés, d’ailleurs associés naguère à un joli triptyque intitulé… New York Stories. Le titre les évoque dans un clin d’œil dépourvu d’ambiguïté. Mais mieux vaut se référer à Dieu qu’à ses saints. C’est ce qu’a compris le comédien Dustin Guy Defa en troussant les multiples saynètes qui constituent son deuxième long métrage. Comme un puzzle humain dont toutes les pièces finiront par s’emboîter miraculeusement les unes dans les autres après nous avoir donné à partager des vies presque comme les nôtres. L’occasion pour le cinéaste de trousser quelques jolis portraits, du fan de jazz, à la chroniqueuse judiciaire débutante, en passant par le journaliste d’investigation dépourvu de scrupules, le vieil horloger, entre coups de cœur et coups de blues. Manhattan Stories répond très précisément à la définition du film indépendant new-yorkais tel qu’ont pu le conceptualiser des festivals comme Sundance ou Deauville. Dustin Guy Defa revient aux origines de cette école en développant cinq pistes narratives cohérentes dont il affirme que chacun d’entre elles aurait pu donner lieu à un court métrage. Ce n’est pas non plus un hasard si sa référence absolue est le film trop méconnu de Peter Bogdanovitch Et tout le monde riait. Jean-Philippe Guerand
Person to Person. Film américain de Dustin Guy Defa (2017), avec Abbi Jacobson, Michael Cera, Philip Baker Hall. 1h28. Sortie en salle le 16 mai 2018.
Critique en partenariat avec l’ESRA.