Publié le 23 mars, 2019 | par @avscci
0M. de Yolande Zauberman
Menahem Lang, est né dans le quartier orthodoxe de Bneï Brak, dans la banlieue de Tel-Aviv. Chanteur prodige de sa communauté, il la quitte à vingt ans et devient acteur grâce à Amos Gitaï. Yolande Zauberman, l’une des très grandes du documentaire français, le suit dans son retour aux origines, à l’âge de 35 ans. Il a dénoncé à la télévision les viols qu’il a subi enfant et revient dans son quartier, revoit ses parents, approche son tortionnaire, rencontre des adultes abusés dans leur enfance, dont certains sont entrés dans le galgal (la roue en hébreu, c’est-à-dire le cercle vicieux qui amène les victimes à devenir des violeurs à leur tour). Au moment de la sortie du film profondément moral de François Ozon, qui est une fiction, ce documentaire adopte une autre démarche formelle, mais tout aussi morale, suivant un homme dans son chemin réel, tournant surtout la nuit. Le film porte le même titre qu’un film de 1931 de l’homonyme de Menahem, Fritz Lang. Ce film, qui a demandé deux ans de travail à sa réalisatrice, montre des conversations, des entrevues d’une force émotionnelle rare. La quête de Menahem le conduit presque magiquement à des rencontres imprévues et bouleversantes. On entend le yiddish (qui continue à vivre dans les communautés orthodoxes), l’hébreu, l’anglais, on entend la voix de Menahem, magnifique qu’il chante ou qu’il parle. On entend surtout, comme chez Ozon, sa souffrance, son humanité, son empathie, son énergie, sa recherche de la justice et, surtout, de la vérité. Cette recherche de la vérité qui est l’ambition partagée de tous les grands cinéastes.
René Marx
Film documentaire français de Yolande Zauberman (2018). 1h46.