Critique Leave no trace de Debra Granik

Publié le 1 octobre, 2018 | par @avscci

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Leave no trace de Debra Granik

C’est le quatrième long métrage de Debra Granik. Down to the Bone (2004), qui contait le combat d’une femme seule, n’est jamais sorti en France, Stray Dog (2014), portrait documentaire d’un vieux biker ami des chiens, non plus. Par contre Winter’s Bone (2010), avec une Jennifer Lawrence de vingt ans qui n’était pas encore « the most successful actress of her generation », avait été salué partout et nommé aux Oscar. C’est une Amérique de Blancs pauvres, refusant les grandes cités et le main stream que peint Granik. La tradition de désobéissance, les élans libertariens à la Thoreau, marquent tous ses films. Ici, un vétéran de la guerre d’Afghanistan vit dans les bois de l’Oregon, tout près de Portland, avec sa fille de quinze ans. Rattrapés par les services sociaux, ils se voient imposer l’eau courante, les plats surgelés, l’école, les immatriculations administratives. Ils tentent de garder leur « liberté de penser ». Malgré l’amour pour son père, la jeune fille finira-t-elle par choisir la vie sociale ? Sa liberté n’est-elle pas dans le retour aux normes ? Les deux parties du film, vie sauvage et vie civile, sont d’une grande beauté, les comédiens sont magnifiques. Et surtout les questions morales, écologiques, éducationnelles, sont posées avec honnêteté, finesse, dans un équilibre remarquable. Granik réunit dans un même film la délicatesse, la politique au meilleur sens du mot, la force visuelle. L’expression « cinéma indépendant » prend avec elle son sens réel.

René Marx

Film américain de Debra Granik (2018), avec Thomasin Harcourt McKenzie, Isaiah Stone, Ben Foster. 1h49

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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