Critique Le monde animé de Grimault de Paul Grimault

Publié le 8 novembre, 2019 | par @avscci

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Le Monde animé de Grimault

Paul Grimault, considéré par beaucoup comme le chef de file de l’école française du cinéma d’animation moderne, est de retour sur grand écran à travers deux programmes de courts métrages restaurés destinés aux enfants avant cinq ans pour le premier, et à tous (dès cinq ans) pour le second. En tout, huit films qui permettent de revisiter l’œuvre du réalisateur du Roi et l’Oiseau, compagnon de route de Jacques Prévert, et producteur (entre autres) des premiers courts métrages de Jean-François Laguionie.

Ce qui frappe à la vision de ces “mondes animés” (réalisés entre 1942 et 1973), c’est évidemment la virtuosité du mouvement et notamment la manière sautillante et aérienne qu’ont les personnages de se déplacer. L’un des exemples les plus marquants est Le Voleur de paratonnerres, véritable contorsionniste qui s’enroule autour des paratonnerres et les utilise comme des perches, ou comme une poutre entre deux immeubles, pour enjamber et survoler les toits de Paris. Grimault propose alors des perspectives spectaculaires, multipliant les plongées et contre-plongées sur le voleur-funambule.

Par ailleurs, les deux programmes rappellent le goût du cinéaste pour l’irrévérence et le refus de l’autorité, qui se manifeste notamment dans la manière (musicale) dont le troubadour Niglo tient tête au Sire de Massouf dans La Flûte magique, ou encore dans la résistance que l’acrobate oppose à la violence et à la guerre dans Le Petit Soldat. La guerre, justement, est au centre du très antimilitariste Chien mélomane (un marchand d’armes dont la compagnie s’appelle “Pax” vend des violons destructeurs à deux camps opposés) tandis que le capitalisme est la cible du Diamant, parabole sur une sorte de colon futuriste qui vient voler le diamant sacré d’un peuple pacifique.

Il faudrait encore citer l’allégorie de L’Epouvantail, qui protège deux oiseaux des griffes d’un chat patibulaire, ou les facéties du troubadour Niglo (encore lui) face au Marchand de notes, qui sont des récits à la fois engagés en faveur des faibles, et représentatifs de l’humour joyeux et poétique présent dans les films de Grimault. Car les gags sont pléthore, venant en creux renforcer la puissance des propos, et apporter un aspect ludique et léger à ces histoires courtes dont l’essence première n’a pas pris une ride.

Marie-Pauline Mollaret

Deux programmes de courts métrages d’animation français réalisés par Paul Grimault (1942-1973). 0h42 et 1h01.




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