Critique Le grand bal de Laetitia Carton

Publié le 29 octobre, 2018 | par @avscci

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Le grand bal de Lætitia Carton

Chaque été, depuis trente ans, deux mille personnes dansent pendant quinze jours, sans presque jamais dormir, dans quelques chapiteaux posés au cœur de Gennetines, petit village auvergnat (671 habitants aux dernières nouvelles). Des musiciens du monde entier sont là, les journées sont consacrées à des ateliers d’apprentissage, les nuits aux bals. Tous les âges sont représentés. La seule différence entre jeunes et vieux, c’est que les seconds dorment un peu quand les premiers continuent infatigablement. De cet oasis estival où le temps passe autrement, Lætitia Carton fait un film extraordinaire, totalement habité par l’énergie des danseurs et des musiciens. Célébration païenne, collective, amicale, la fête pénètre le film et emporte le spectateur dans une expérience très rare au cinéma. On touche de très près à la transe, mais une transe sans violence. C’est même le contraire. Si le film est si émouvant, c’est qu’il témoigne fidèlement d’un moment de paix joyeuse, active, incroyablement dynamique, dans un univers et un siècle hanté par la violence et la désunion. On n’est pas dans une secte, dans une joie artificielle. On aperçoit une possibilité de bonheur inédite. Les prises de vue sont d’une grande beauté (quatre cadreurs dont la cinéaste). Au-delà de la musique et de de la danse, sont posées clairement les questions du rapport homme-femme, des croisements d’univers et de générations, de l’image du corps, de sa place sociale. C’est le cinquième documentaire de la réalisatrice et c’est une grande aventure.

René Marx

Film documentaire français de Lætitia Carton (2018). 1h40

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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