Publié le 2 mai, 2018 | par @avscci
0La révolution silencieuse de Lars Kraume
Lars Kraume n’a pas l’âge d’avoir connu l’Allemagne d’après-guerre. Il ne se passionne pas moins pour ces années où le pays pansait les plaies de la période nazie et cherchait à s’inventer un avenir. Après Fritz Bauer, un héros allemand, biopic engagé sur ce juge ayant entrepris de traduire Adolf Eichmann en justice, à la barbe des tribunaux allemands qui préféraient regarder ailleurs, cette Révolution silencieuse met en lumière un épisode mal connu de l’Histoire de l’Allemagne de l’Est. Nous sommes à Berlin en 1956, à une époque où le mur n’avait pas été érigé, mais où la guerre froide battait son plein. Pour protester contre la répression des insurgés de Budapest par les troupes soviétiques, une classe de Terminale avait eu l’idée de faire une minute de silence. Un geste jugé naturellement réactionnaire par les autorités… Le film est bâti comme un thriller où nous prenons évidemment fait et cause pour les ados idéalistes contre ceux qui leur cherchent des noises et promettent de compromettre leur avenir. Si le film est assez plan-plan pour ce qui est de la mise en scène, il faut reconnaître que le scénario et les personnages proposent quelques subtilités. Tous les ados ne sont en effet pas sur la même ligne politique ni dans la même situation sociale ou familiale. Viennent s’ajouter quelques enjeux de séduction… Et une solidarité qui fait chaud au cœur. Impossible de ne pas penser à cet égard au Cercle des poètes disparus. Mais si l’accent est mis sur l’idéalisme de jeunesse à l’épreuve des faits, le tableau de la RDA est saisissant. Ce n’est certes pas l’enfer stalinien que dénonçaient ses ennemis, mais le totalitarisme ne cherche pas vraiment à se dissimuler derrière son petit doigt, avançant bien sûr les meilleures raisons du monde.
Yves Alion
Das schweigende Klassenzimmer. Film allemand de Lars Kraume (2017), avec Leonard Scheicher, Tom Gramenz, Lena Klenke. 1h51.
Critique en partenariat avec l’ESRA.