Critique La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher

Publié le 8 mars, 2018 | par @avscci

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La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher

Pour son premier long-métrage, Dominique Rocher choisit le film de genre, comme d’autres jeunes cinéastes d’aujourd’hui. Mais s’il décline avec talent les variations possibles du film de zombies (des dizaines de figurants sanguinolents traversent les plans), il nourrit son scénario de données psychologiques, sentimentales, qui ajoutent à la force de son propos. Un garçon taciturne s’éveille dans un Paris sinistré où les morts-vivants dérivent à la recherche de nourriture. Il prend possession de l’immeuble haussmannien où il a été surpris, en fait un refuge contre les menaces, un garde-manger, une trousse à outils. Robinson entouré par les morts, son île déserte est génialement représentée par le cinéaste, transformant les décors familiers, les objets, le mobilier, les « parties communes » en décor fantastique, poétique. Le Paris de 2018 devient un monde exotique, sans effets spéciaux compliqués, sans voyage inutile. Un monde périlleux dont Rocher suggère qu’il n’est pas éloigné du Paris peuplé par les vivants. Anders Danielsen Lie, remarqué dans Oslo, 31 août et Personal Shopper donne une interprétation sensible, délicate et puissante, de ce héros imprévu, rassemblant toutes ses forces pour ne pas mourir à son tour dans un monde où il est irrémédiablement seul. Il enchaîne le zombie Denis Lavant dans un ascenseur, en fait un confident muet, croise un moment Golshifteh Farahani, comme une respiration peut-être décevante. Un film plein de surprises, où le fil tenu par le cinéaste ne se casse jamais.

René Marx

Film français de Dominique Rocher (2018), avec Anders Danielsen Lie, Golshifteh Farahani, Denis Lavant, Sigrid Bouaziz. 1h34.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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